L'HISTOIRE  DE  LA CREUSE

 

 

 Armes  du  Comté  de  la Marche :

"D'azur semé de fleurs de lis d'or à la bande  de

gueules chargée de trois lionceaux d'argent".

 

 

Ancien comté, la Marche, qui fut d'abord un marquisat dont PHILIPPE  LE  LONG fit un comté-pairie en 1316 et son frère CHARLES IV  un duché - pairie, avait pour capitale Guéret et pour villes principales Aubusson, Bourganeuf, Boussac, Felletin et Crocq. Elle était limitée au nord par le Berry, à l'est par l'Auvergne, au sud par le Limousin, à l'ouest par le Poitou. Elle comprenait alors les Combrailles et l'Alleud.

 

La Creuse est formée d'une grande partie de l'ancienne province de la Marche ainsi que de quelques morceaux du Limousin, du Berry et de l'Auvergne. Elle appartenait, avant la conquête romaine, au pays des Lémovices et  dut  son nom au fait qu'elle était placée le long des frontières séparant les Romains des Lémovices : " la Marchia Lemovicina ".

 

Plus tard, la Marche fit partie de l'Aquitaine et passa sous la domination des Wisigoths lorsqu'ils fondèrent le royaume de Toulouse en 419.  Après la victoire de CLOVIS à Vouillé en 507, la Marche reconnut l'autorité des Francs. En 571, ses habitants furent décimés par une grande contagion dont GREGOIRE de TOURS signale les méfaits.  En 767, le pays fut ravagé par REMISTAN lors de la lutte que PÉPIN mena contre l'Aquitaine.

 

Dans le  démembrement de l'empire  carolingien, la Marche se morcela en un grand nombre de seigneureries. Elle ne put ensuite échapper aux ravages des Sarrasins et des Normands, qui dévastèrent le Limousin en 846 et s'avancèrent jusqu'aux limites du Berry et de l'Auvergne.  Ils reparurent en 930 mais furent, cette fois, battus.  Les Hongrois vinrent achever la ruine des provinces françaises en 937 puis en 951, lorsqu'ils pénétrèrent jusqu'en Aquitaine qu'ils ravagèrent.

 

La France n'avait alors plus de gouvernement, plus d'armée et était tombée dans une désastreuse anarchie. C'est alors que, dans l'effort tenté pour la reconstituer, se créa vers 968, le Comté de la Marche.   Mais les grands féodaux reconnaissait à peine la suprématie du roi de France.

 

Les grands fiefs étaient en effet autant de souverainetés indépendantes. C'est ainsi que malgré les  menaces d' HUGUES CAPET, ADALBERT, comte de la Marche s'allia  avec le duc d'Anjou contre le  Comte de Rennes.  Ainsi, en 992,  ADALBERT  qui assiègeait la ville  de  Tours, reçu ordre du roi de se retirer. " - Qui t'a fait Comte ? "  dit le roi,  " - Qui t'a fait roi ? "  répondit  ADALBERT. Ce mot célèbre du comte de la Marche illustre bien ce que fut la politique féodale à cette époque.

 

 

BOSON, premier comte de la Marche, eut deux fils : BOSON II, comte de Périgord, du chef de sa mère  et  AUDEBERT, deuxième comte de la Marche, qui mourut en 996. Son fils BERNARD lui succéda, puis ce fut AUDEBERT II. La fille de ce dernier ALMODIS, apporta le comté à son mari, ROGER de MONTGOMERY, comte de Lancastre. Le petit-fils de ce dernier, dépourvu d'héritiers, vendit ce qui restait du comté au roi d'Angleterre en 1177.

 

RICHARD  III  d'Angleterre donna ensuite la Marche  à HUGUES  de LUSIGNAN.  Mais en 1303, sa petite-fille, MARIE  de la MARCHE, comtesse de Sancerre et dernière héritière de cette branche des  LUSIGNAN céda ses droits sur la Marche au roi PHILIPPE le BEL. Le roi PHILIPPE le LONG érigea le comté en pairie en 1316 pour son frère CHARLES, devenu CHARLES IV en 1322.

 

La Marche n'eut alors pas de  dignitaire  jusqu'en 1327, date à  laquelle LOUIS de BOURBON échangea le comté  de Clermont pour celui de  la  Marche. Son fils JACQUES, comte de Ponthieu, devenu connétable en 1354, fut ainsi à l'origine d'une nouvelle lignée de Comtes  de la Marche. En 1435, ELEONORE de BOURBON, descendante de JACQUES  apporta, par mariage, son Comté à son mari BERNARD  d'ARMAGNAC.

 

JACQUES, fils de BERNARD et d'ELEONORE et ennemi  du roi de France, fut exécuté sur l'ordre de  LOUIS XI en 1477 et ses biens furent  confisqués. La Marche  revint alors  à  PIERRE  II,  gendre  de  LOUIS XI, et passa donc aux  BOURBON - BEAUJEU  jusqu'en 1522, puis  aux BOURBON - MONTPENSIER, dont  les biens  furent confisqués  en 1527 par  FRANCOIS  I°.  Ce dernier fit alors don du Comté  à sa mère LOUISE  de SAVOIE.

 

A la mort de LOUISE  de SAVOIE  en 1531, FRANCOIS  I°  fit, le 12 juin 1540, cadeau de la Marche à son troisième fils CHARLES, duc d'Orléans, pour la tenir en pairie.  Mais CHARLES  mourut sans  postérité  le 9 septembre 1545.  Depuis cette date, la Marche ne fut plus jamais détachée de l'unité nationale.

 

La féodalité s'étant transformée en noblesse, ce sont alors les fils aînés des Princes de  CONTI qui portèrent désormais le titre honorifique de "Comtes de la Marche".

 

Pendant la période révolutionnaire, le département de la Creuse n'eut pas à souffrir des tourmentes politiques.  La terreur n'y fit pas couler le sang et les nobles, peu nombreux, émigrèrent ou se soumirent. Les ventes des biens du clergé se firent sans scandale et la guerre civile ne trouva pas d'armée sur cette terre qui n'a jamais porté le fanatisme.  La Creuse ne fournit donc de soldats que pour défendre la France  contre  ses ennemis extérieurs.

 

Trop pauvre pour nourrir ses enfants, la Creuse les vit partir pour des contrées plus riches. Les plus connus de ces émigrants furent les fameux "maçons de la Creuse" qui comptaient outre les maçons, des paveurs, des charpentiers, des tailleurs  et scieurs de pierres, des tuiliers, des couvreurs,.... Tous étaient absents pendant des périodes fixes, en général du printemps à l'hiver. Ainsi les Creusois ont-ils émigré dans nombre de régions françaises. Cette émigration creusoise se poursuit hélàs encore de nos jours puisqu'en 1996 le taux annuel moyen d'évolution de la population était de  --  0,61 %.  En 1990, la Creuse comptait 131 349 habitants, soit une densité de 25 habitants au km².

 

La Creuse  a donné  des gens travailleurs, patients, probes et économes mais aussi très chicaniers, caractère caractéristique des pays pauvres. Peu féconde en grands hommes, la Creuse est cependant la patrie (entre autres) du philosophe Jean GUITTON, du "député en blouse" Martin NADAUD, du cinéaste Claude CHABROL, de Jules SANDEAU mari de George SAND, de l'écrivain Marcel JOUHANDEAU,....